n-ième mise en demeure pour France
Télécom. Source : DSLvalley.com et ART 07 Mai-2001
C'est une véritable partie d'échec que sont en train de se livrer
les opérateurs de télécommunications présents sur le marché
français, avec comme but ultime l'accès à la boucle locale de France
Télécom avec l'espoir de grignoter des parts de marché sur les
services de téléphonie locale et les liaisons haut débit par DSL.
L'ART joue le rôle d'arbitre et les protagonistes doivent très
souvent faire appel à ses services pour régler les litiges.
Des procédures longues et lassantes
Cela fait un an que DSLvalley s'attache à vous présenter
l'avancement des discussions sur ce sujet, et il faut avouer que le
temps commence à se faire long. Malgré tout, nous avons espoir que
la réglementation, qui est en train de se préciser, apportera une
base solide pour l'essor des technologies DSL en France. Les
quelques mois de retard dans le déploiement résultant de cette
longue partie d'échec, déboucheront vraisemblablement sur une
réglementation 'résolument moderne' permettant aux utilisateurs de
mettre en concurrence plusieurs opérateurs sur la fourniture de
services DSL, asymétrique ou symétrique. C'est la condition sine qua
none de l'essor de ces technologies et de la protection et la
satisfaction des utilisateurs, tant sur le marché des particuliers
que des professionnels.
Dans ce long processus d'établissement des règles du jeu, l'ART
vient à nouveau de rappeler à l'ordre l'un des protagonistes. Après
les litiges sur la tarification de l'offre de référence, ce sont les
délais constatés dans la colocalisation qui amènent l'ART à mettre
en demeure l'opérateur historique. Dans la décision n° 01-377 [ Lire
], datée du 26 avril et publiée vendredi, l'ART exige que
l'opérateur historique traite les demandes de colocalisation des
opérateurs souhaitant accéder à la boucle locale dans "des
conditions objectives, transparentes et non discriminatoires" et de
"la même manière qu'elle traite ses propres besoins". L'opérateur
devra présenter à l'Autorité, d'ici jeudi 10 mai 2001, les mesures
qu'elle compte prendre pour respecter ces dispositions. Cette
demande peut paraître anodine, mais elle a d'importantes
conséquences.
Les méthodes de l'opérateur épinglées par l'ART
Notons que cette nouvelle injonction de l'ART est la troisième
adressée par le régulateur à l'opérateur historique depuis le début
de l'année. Elle fait suite aux demandes répétées des opérateurs
concurrents membres de l'AFOPT et de l'AOST qui avaient publiquement
unis leur voix pour exprimer leur "ras-le-bol" [ Lire ].
L'ART a donc tranché sur les points suivants : - Les délais
constatés pour le traitement des réponses aux demandes d'aménagement
des salles de cohabitation. - L'impossibilité constatée
d'équiper de nombreux répartiteurs par manque d'espace alors que
France Télécom y installe ses propres équipements. - Les prix
imposés par France Télécom pour construire systématiquement de
nouvelles salles d'hébergement dans ses locaux.
Sur le premier point, les opérateurs ont maintes fois indiqué que
France Télécom ne respectait pas les délais de 8 semaines entre la
demande et la réception des devis pour l'aménagement ou la
construction des salles de cohabitation. France Télécom estime
généralement tenir ces délais mais constate que le délai de
fourniture des devis d'aménagement peut varier de 7 à 10 semaines.
L'ART demande donc à l'opérateur de tenir ces engagements voire même
d'améliorer le temps de réponse lorsque les informations sont
connues et qu'elles peuvent être fournies dans des délais plus
courts ( en 15 jours pour les sites des 20 plus grandes
agglomérations et pour ceux d'Ile de France par exemple )
Deuxièmement, l'ART demande à France Télécom de mettre à la
disposition des nouveaux entrants la liste des sites où la
co-localisation est jugée impossible et estime que le groupe de
Michel Bon doit alors co-financer l'aménagement de salles nouvelles
dans ces bâtiments ou à proximité. Dans les cas où il n'y a plus de
place dans des salles existantes (environ 130 sites sur les 482
sites des vingt plus grandes agglomérations) ou lorsque France
Télécom préfère aménager une salle d'hébergement dédiée aux
opérateurs concurrents, l'ART estime que France Télécom est partie
prenante de la construction de ces nouvelles salles et qu'elle doit
donc en financer, en partie, la construction. L'Autorité estime
par ailleurs que l'obligation faite aux opérateurs concurrents
d'installer leurs équipements dans des salles dédiées et séparées de
celles de l'opérateur historique permet à France Télécom de
bénéficier de conditions plus avantageuses que ses concurrents. De
plus cette procédure n'est pas exigée par les dispositions
réglementaires nationales ou communautaires. L'ART, qui rejette
l'argument de sécurité de France Télécom, lui demande donc
d'autoriser, dans certains cas, l'installation des équipements des
opérateurs dans les salles existantes où sont déjà hébergés les
équipements de l'opérateur.
Finalement, l'Autorité indique que les prix proposés pour
l'aménagement de salles de colocalisation physique sont excessifs
puisque ces coûts pourraient s'élever à plusieurs centaines de
milliers de francs voire à 1 million de francs, alors que France
Télécom peut réduire ces coûts en équipant des salles existantes. Là
encore une situation anticoncurrentielle qui profite à l'opérateur
historique au détriment de ses concurrents. France Télécom devra
donc, dans certaines conditions, participer au financement de
l'aménagement des salles ( bâtiment, apport d'énergie,
climatisation...)
Ainsi, en étudiant cette décision, on constate que l'Autorité de
régulation des télécommunications a une nouvelle fois sévèrement
critiqué les méthodes de l'opérateur français. Ses demandes sont
loin d'être anodines. Le coup est dur pour France Télécom qui doit
commencer à voir d'un mauvais oeil cette ingérence de l'Autorité
dans ses procédures.
Philippe Goold
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